Aliénore Bisset de Crieux, née Desroses de Surly, est la nouvelle épouse du duc Auguste Bisset de Crieux, devenue sa femme six mois plus tôt. La jeune femme de vingt-deux à peine accède ainsi au titre de Duchesse et unit ainsi deux puissantes familles.
Enjeu convoité par son statut de haute noble, elle fut donnée en épousailles à Auguste pour rapprocher les Desroses de Surly de la famille royale, devenant de fait la belle-sœur de la nouvelle reine.
Si le mariage à fait jaser du fait de la différence d'âge entre les deux époux, ils semblent peu s'en soucier. Aliénore se fit rapidement une place dans sa nouvelle famille, entretenant avec sa belle-fille une relation cordiale mais teintée d'une froide jalousie bien cachée derrière ses sourires : l'enfant chérie de Montsange est d'une banalité à pleurer et elle ne voit vraiment pas ce que la cour trouve à cette perruche d'à peine quatre ans de moins qu'elle. Néanmoins, Aliénore fait bonne figure, préférant se montrer amicale avec Louison, pour ne pas se nuire toute seule. Elle trouvera bien un jour le moyen d'éloigner la perruche dorée, comme elle la surnomme, si elle ne convole pas toute seule avec quelque noble dans un mariage parfait à vomir.
Son comportement avec Auguste est exemplaire en public, teintée d'une certaine réserve. Elle ressemble pour les médisants à une petite souris blanche dans le sillage de son puissant mari à l'âge d'être son père. Mais Aliénore entretient pour son époux un sentiment duègne : tant elle désire s'en faire un ami, peut-être même un peu plus, tant elle le déteste pour sa droiture ennuyeuse et elle lui fiche généralement la paix, si tant est qu'il ne vienne pas la réprimander en retour.
Extrêmement libertine, elle n'a guère tardé à se prendre des amants afin de se distraire dans cette région austère, loin des frasques des Desroses de Surly et de ses amants habituels. Les gens de la capitale sont d'une affreuse mollesse.
Elle apprécie assez la reine, contre toute attente. Au fond elle a un peu pitié d'elle, de sa faiblesse. Elle-même d'une constitution délicate, ne supportant pas le soleil, elle a pour Lautrec Dubois d'Arrange une appréciation sincère sous le vernis des mondanités et pas simplement parce qu'elle est la reine. N'ayant encore aucun ami ou allié dans sa nouvelle famille, peut-être cherche-t-elle sans malice une oreille amicale mais on lui prêtera bien volontiers des intentions bien moins nobles.